Le Japon, pays riche en traditions millénaires, est confronté à une surprenante adaptation de l’une de ses célébrations les plus emblématiques : le « festival de l’homme nu » ou « Hadaka Matsuri ». Cette année, pour la première fois, des femmes ont été autorisées à participer à cet événement qui, jusqu’à présent, était exclusivement réservé aux hommes. Une décision motivée par une réalité sociale inquiétante : la baisse continue de la population japonaise.
Un rite de purification millénaire
Chaque année, en plein cœur de l’hiver, le Japon voit se dérouler les « Hadaka Matsuri » dans différentes régions du pays. Ces festivals impressionnants rassemblent des milliers d’hommes, vêtus seulement d’un cache-sexe traditionnel appelé fundoshi. Après avoir bravé les eaux glaciales, les participants se lancent dans une lutte intense pour s’emparer d’un grand poteau en bambou, le « naoi-zasa », dans l’espoir de gagner la faveur des dieux. Ce rite de purification est profondément enraciné dans la culture japonaise et symbolise le renouveau et la protection.
Un changement face à une population vieillissante
Cependant, le Japon traverse une crise démographique majeure. Avec un tiers de sa population âgé de plus de 65 ans, le pays pourrait voir sa population chuter de manière significative d’ici 2070. Pour s’adapter à ce déclin, les organisateurs du Hadaka Matsuri ont pris la décision inédite d’ouvrir l’événement aux femmes. Ainsi, lors du Konomiya Matsuri de cette année, qui se déroule dans la ville d’Inazawa, 41 femmes ont pu participer, marquant une première historique pour cette fête traditionnelle.
Une participation symbolique mais limitée
Malgré cette ouverture, la participation des femmes reste encadrée et symbolique. Contrairement aux hommes, elles n’ont pas été autorisées à se dévêtir et ont dû porter un chapeau, un short et un happi, une veste traditionnelle japonaise. Cette restriction a été perçue comme un compromis, reflétant à la fois l’inclusion progressive des femmes dans ces rituels et les résistances encore présentes dans la société japonaise. Pour Ayaka Suzuki, vice-présidente du collectif de femmes Enyukai, cette participation représente néanmoins un pas vers l’égalité des sexes, même si elle souligne la nécessité de continuer à faire évoluer les mentalités.
Un reflet des inégalités persistantes
Le Japon reste une société où les traditions patriarcales dominent encore largement. Les femmes, bien qu’elles soient de plus en plus nombreuses à revendiquer leurs droits, continuent d’être marginalisées dans de nombreux domaines. Le monde du travail, par exemple, reste largement contrôlé par les hommes, qui occupent la majorité des postes de pouvoir. Cette inégalité se retrouve également dans le monde du sport, où des disciplines comme le sumo restent fermées aux femmes à un niveau professionnel.
L’ouverture du Hadaka Matsuri aux femmes, bien que symbolique, met en lumière ces inégalités et rappelle que la route vers une véritable égalité des sexes est encore longue. Néanmoins, cette évolution pourrait être le signe d’une volonté croissante de moderniser certaines traditions pour les rendre plus inclusives.